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Catherine Bessin - Rencontre du 3è type
Portait
Repérée par Didier Simon, le patron de la galerie Une Vision Singulière à Hénon, l’artiste verra ses œuvres crypto-mystiques exposées dans la collégiale de Lamballe dans le cadre de Regards sur les arts qui se tiendra du 1er au 21 octobre 2018.
Il nous aura fallu deux rendez-vous manqués, plusieurs balades en centre-ville de Saint-Brieuc de jour et de nuit, un coup de fil à notre contact et un peu de négociation pour parvenir à passer un moment avec Catherine Bessin, figure bien connue des Briochins et surtout artiste inclassable, moitié mystique, moitié humaniste et totalement borderline.
C’est après l’office de 10 heures de la Chapelle Saint-Guillaume qu’on la retrouve stylo à la main griffonnant au Bic bleu un portrait de la Vierge sur un coin de papier. Acceptant enfin le rendez-vous, elle se livre pêle-mêle, volubile, intarissable sur ses inspirations éclectiques. Auteure de plusieurs centaines d’œuvres aux couleurs éclatantes qu’elle offre, vend ou échange, Catherine peint et dessine comme d’autres prédisent. "Je suis une mystique, explique-t-elle, cigarette à la main et regard intense. J’ai été initiée à la foi par une comédienne qui recevait des messages de Dieu." Ambiance… De sa vie qu’on devine tourmentée on n’apprendra que peu de choses, laissant ses œuvres parler pour elle, hormis un très pudique "j’ai été marquée par le deuil" qui lève un coin de voile sur l’essence de son travail. "Un tableau est pour moi à l’image de l’Être humain : parfait dans son imperfection. Les accidents de la vie qui nous façonnent, s’accumulent sur notre chemin comme autant d’imperfections, et nous rendent uniques. Comme lorsque l’on peint un tableau, ils sont autant de coups de pinceaux ou de crayons qui constituent notre Être."
"Les objets m’appellent"
Profondément sincère, Catherine peint et dessine sur et avec ce qui se présente à elle : sacs en papier, jetons de station de lavage, bois flotté, sacs de riz usagés, journaux, emballages, tout semble prédestiné à devenir l’élément d’une œuvre. "Je suis un chemin, dit-elle. Et un objet qui se présente à moi est comme un signe qui va révéler son sens véritable. Les objets m’appellent…" Pétris de symbolisme syncrétique à la logique toute personnelle, ses dessins et tableaux oscillent entre art naïf et art brut, baignant dans une cosmogonie régie par de grandes figures du XXe (Marylin Monroe, Federico Garcia Llorca), des catastrophes en tout genre et des faits divers cauchemardesques (l’affaire Omar Raddad, le naufrage du Titanic, le massacre du 17 octobre 1961, les suicides collectifs du Temple Solaire) et forment un tout révélant "le sens caché des événements."
Formée aux Beaux-Arts de Quimper, cette humaniste qui dit "ne pas supporter l’injustice", croit à "l’universalité de l’art", et définit son travail de manière totale : "pour moi un vrai artiste doit être capable de créer à partir de tout ce qu’il trouve et s’approprie…" Entre deux bouffées, elle confie admirer pêle-mêle Rimbaud, Molière, Modigliani, Victor Hugo, Van Gogh et avoue poursuivre une forme de "quête de la vérité, d’absolu." Pudique, elle ne se laissera photographier qu’après une longue discussion, posant ses conditions, préférant rester dans l’ombre, elle qui semble fascinée par la lumière.
- Marc
Découvrez les oeuvres de l’artiste du 1er au 21 octobre 2018 dans le cadre de Regards sur les arts à Lamballe.
Derniers commentaires
1. Catherine Bessin - Rencontre du 3è type, 26 septembre 2018, 07:26, par pierre yves
Le texte est très bien écrit. Il donne envie de connaître le résultat, une partie de l’œuvre et d’aller à la collégiale. Bravo Marc.