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Avril 2019 : Uchronie et utopie
Pierre et le Loup a été un des premiers disques de ma vie. J’ai été marqué pour toujours par la fin, quand le grand-père grincheux dit « Et si Pierre n’avait pas attrapé le loup, hein, que ce serait-il passé ? ». Ca s’appelle une hypothèse uchronique. Comme chacun sait, l’uchronie est une reconstruction fictive de l’Histoire, quelque chose qui aurait peut-être pu se produire, mais qui s’est déroulé autrement, une autre direction prise à un embranchement de l’Histoire, l’ajout d’un fait, qui aurait mené à d’autres conséquences. « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » disait Pascal. Si ma tante en avait, on l’appellerait « mon oncle ». Est-ce que ça sert à quelque chose, d’avoir de tels questionnements ? Ca ne va pas changer le cours de l’Histoire, d’un passé révolu qui a ses conséquences dans le présent et le futur. Alors que l’utopie qui, elle, imagine le futur, va peut-être avoir une influence. L’uchronie ne sert à rien, mais ça sert quand même à réfléchir, pas seulement à distraire.
Et si la famine ne régnait pas en Afrique, mais en Europe ? Et si le sous-sol africain n’était pas aussi riche ? Et si Le Pen avait battu Chirac en 2002 ? Et si la mère de Hitler avait avorté ? Et si le chinois était plus enseigné que l’anglais en Europe ? Et si De Gaulle avait été une femme ? Et si le budget de la culture était égal au budget de l’armement ?
Pourquoi parler de ça en ce mois d’avril ? Probablement parce que je vieillis.
Patrice Verdure - Et si j’avais migré à Castres au lieu de St-Brieuc en 1998 ?