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Art Rock : Night Beats, Chassol, Armanet, Idles et Cie
En cette interminable journée entre fébrilité nerveuse et hébétitude catatonique post festival, l’heure est venue de faire le bilan de cette édition 2018 et de rassembler nos souvenirs avant qu’ils ne disparaissent à tout jamais dans l‘immense chaudron mental où surnagent, dans un bouillon-marigot, l’ensemble des images de tous les festivals-concerts-after parties-dj sets auxquels nous avons jusque-là survécu.
Nous avons adoré…
… boire un verre le vendredi soir à l’Arbalaise en compagnie de Julien Tiné (le triathlète des platines qui totalisera plus de 20 heures de mix en 3 jours) pour se mettre en jambes avant d’enchaîner trois concerts en un peu plus d’une heure et demie, à savoir Marquis de Sade, Hoa Queen puis Vundabar.
Arrivée en trombe à Poulain-Corbion à 23h donc, après avoir marché à contre-courant d’une foule qui quitte les lieux avant l’arrivée sur scène des Rennais. Premier constat : la jauge est très loin d’être remplie pour les mythiques Marquis et c’est dans une foule clairsemée que nous assistons au début du show. Et si, à leur sujet nos avis divergent en fonction de nos goûts personnels, tout le monde s’accorde sur l’immense classe de leur rock et leur capacité à incarner une vision personnelle et intacte de la cold wave.
Départ au milieu du show pour rejoindre la très bruyante et bondée Place Haute du Chai pour assister à quelques titres de nos petits Hoa Queen. Sans surprise, Eric et sa bande assurent comme des chefs et livrent une prestation sans faute. Mention spéciale à Aurélie dont la voix conserve en live tout son relief malgré des conditions techniques un peu rudes.
Arrivée au bout du rouleau au Forum pour Vundabar dont nous attendions beaucoup (balance expédiée l’après-midi en 10 minutes chrono avec un professionnalisme bluffant)… Le show est impeccable (et le son aussi comme souvent au Forum) mais leur rock surf que l’on attendait brûlot se révèle moins sauvage et addictif qu’espéré…
Le samedi on zappe volontairement Catherine Ringer, Camille et General Eletriks (on ne travaille pas pour Alcaline non plus…) pour reprendre des forces (sieste-BBQ-resieste) et entamer cette seconde journée au Yaskiff avec Miss K et Kameleon Phoenix pour un set un poil rétro plutôt bienvenu avant LA tempête de la soirée : Night Beats. Le trio américain s’est imposé comme LA révélation de cette édition au terme d’un concert totalement incroyable de maîtrise, de classe et d’une sauvagerie féline ultra communicative (médaille d’or de la classe incarnée au bassiste et son groove hallucinant).
Le dimanche on se retrouve frais et dispos pour le doublé Chassol-Armanet à la Passerelle. Le pianiste et son batteur jouent devant un grand théâtre bondé, une version light et raccourcie pour la circonstance de leur spectacle Big Sun. Au bout de 45 secondes on est immédiatement conquis par la beauté des images tournées par le pianiste en Martinique et sa capacité à les illustrer avec simplicité et un talent bluffant. Gros coup de cœur de cette édition.
Quand Juliette Armanet débarque, le Grand Théâtre est au bord de l’implosion et il ne reste littéralement plus une seule place assise. En mode poupée dans sa boîte à musique, Juliette Armanet est nichée au coeur de la scène du grand théâtre au milieu de ses musiciens et d’une création lumières qui se révèlera être une des grandes forces de son spectacle avec sa capacité à osciller entre humour narquois salvateur et disco-pop tubesque. Car si la jeune chanteuse parvient à faire chanter le public avec ses textes d’amoureuse transie toujours sur le fil d’un premier degré, c’est entre ses titres qu’elle marque des points et devient attachante…
Direction le 1701 et sa terrasse pour le traditionnel set épique de Lamar Shedd & Julien Tiné taillé pour la danse qui nous occupera une bonne partie du début de soirée avant certainement le concert le plus fou de cette édition : Idles (photo). On savait les Anglais totalement incontrôlables sur scène et leur punk déglingué ultra efficace, mais le show de dimanche est venu balayer toute éventuelle incertitude. Malgré un son de façade assez inadapté (volume des guitares beaucoup trop faible ce qui est un comble quand on mixe un groupe de punk…) les Anglais se sont rapidement mis le public dans la poche grâce en particulier à une présence scénique littéralement scotchante et un chanteur à la limite de la crise de nerfs permanente. Cinquante minutes et une avalanche de tubes turbo-déglingos plus tard c’est avec un sourire béat et la joie d’avoir assisté au meilleur live de cette édition que l’on quittait la place de la Résistance.
Joies :
- Le sourire de maniaque du chanteur d’Idles
- Le sourire de Juliette Armanet
- Le sourire des employés du Kosan Burger
Regrets :
- La disparition des grands spectacles art de rue qui sont l’ADN du festival
- La disparition des grands spectacles de La Chapelle qui sont l’ADN du festival
- Marc
Photo : Idles ou l’élégance de la bière tiède © Ivlo Cold