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Adèle Rosenfeld : Les Méduses n’ont pas d’oreilles
Roman - Sélection Prix Louis-Guilloux 2022
Louise perd peu à peu l’audition, et même si elle a appris depuis son plus jeune âge à lire sur les lèvres, elle est au seuil de l’âge adulte confrontée à un choix : continuer à chercher une échappatoire dans un monde qu’elle s’est créé de toutes pièces, ou retrouver « la réalité de l’existence » en acceptant qu’on lui pose un implant. À la lecture de ce premier roman, Adèle Rosenfeld parvient au fil des pages à nous rendre nous-même malentendants. Comme le personnage de Louise, les conversations nous parviennent peu à peu inaudibles, la peur d’entendre nous envahit (car ici les sons deviennent l’inconnu) et on finit non sans mal par démêler la réalité de la fiction. Une écriture drôle et légère qui nous fait perdre l’ouïe pour mieux réveiller les autres sens, à l’image de ce puissant passage : « moi qui n’avais qu’entendu le noir ou blanc ».
- Mathilde
Éditions Grasset, 19 €
Ce roman est en lice, aux côtés de neuf autres ouvrages, pour le prix Louis-Guilloux 2022. Porté par le Conseil départemental des Côtes d’Armor, il récompense un auteur dont le roman s’inscrit dans la lignée littéraire de l’écrivain briochin. Les critères de sélection portent sur l’excellence de la langue, les qualités romanesques du récit, l’acuité et la lucidité du regard posé sur les êtres, et la dimension humaine d’une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l’individu au profit d’abstractions idéologiques.
