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Carte blanche à Philippe Saumont

4 septembre 2017

Parfum d’enfance. L’art au service de la résilience.

Carte blanche à Philippe Saumont


Etre né à Paris, à la Bastille, dans le 12e arrondissement est tout un symbole pour moi et la suite de mon parcours. Je suis né révolutionnaire ! Je m’oppose à l’autorité, celle du père par nécessité et protection, à l’injustice aussi transmise par ce père, et à l’extrémisme. Ceci me fait grandir et me permet de prétendre à des valeurs !
Je grandis en banlieue parisienne à une période où tout était possible, TOUT ! Une époque où Raymond « Poupou » Poulidor pouvait battre Jacques Anquetil. Où De Gaulle parlait à la radio en 68 : « Si l’ordre est rétabli, tout est possible ! ». Où Simone Veil, dans un discours devant les députés, soutenait l’avortement et le droit des femmes. Où San Antonio se vendait à tour de bras. Où le Président de la République française fumait en direct à la TV. Où le port du casque et de la ceinture vont devenir obligatoire…


J’aurais pu écrire que je suis né deux fois. La première le jour de ma naissance, et la deuxième le jour de la mort de mon père.
Nous venons au monde et nous grandissons avec l’histoire de nos parents. Notre « MOI » enfant nous permet de devenir notre « MOI » adulte. La « résilience » permet de se reconstruire, à condition que nous trouvions sur notre route des personnes qui deviennent sans le savoir des « tuteurs » de résilience. Ce n’est pas parce que tu as été maltraité que tu maltraiteras ! J’ai pourtant tellement entendu cela lorsque j’étais enfant, assez pour douter de moi-même. Puis la vie m’a appris que ce n’est pas une fatalité. Je découvre Boris Cyrulnik, médecin neurologue, qui est le premier adulte que je croise et qui me laisse entendre le mot RÉSILIENCE.


Mon prochain spectacle : Je t’aime papa, mais merci d’être mort ! traite véritablement de ce phénomène. Bien entendu, ce ne sera pas un « outil » de médecine ou un travail de thérapie. J’ai digéré mon histoire et elle s’est transformée chez moi en une « force », une envie de vaincre, de m’en sortir et d’être toujours en quête de bonheur. J’ai toujours cherché le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Il y a toujours un petit bonheur dans chaque malheur, il faut juste le trouver.
Le texte de ce spectacle a été écrit il y a treize ans, en deux nuits. Il me permet de remercier les personnes qui m’ont aidé à me « reconstruire », à faire émerger mon « MOI » adulte. Tout n’est pas écrit à l’avance, NON ! Ce n’est pas parce que tu as été... que tu seras forcément… Un enfant d’alcoolique ne devient pas forcément un adulte alcoolique, un enfant maltraité, n’est pas un adulte déséquilibré. Il apprend juste à vivre avec sa blessure et fait du beau de sa vie.


Extraits de « Je t’aime papa, mais merci d’être mort ! »


« Les copains de mon père sont sûrement très gentils. Mon père les voit toujours après le travail. Au café, « Chez Vincent », ils jouent aux dés. Ils ont toujours soif, c’est à cause des cacahuètes. Heureusement le café n’est pas loin de chez moi, ma maman m’envoie toujours le chercher. Des fois, je bois des grenadines. J’en ai marre d’aller le chercher, il ne me voit jamais derrière la porte, elle est trop haute. En plus, je ne bois presque plus jamais de grenadine. Il oublie de me les commander. Moi aussi, il m’oublie. »


« Aujourd’hui c’est dimanche et le dimanche on se lave, parce que c’est dimanche. C’est chiant ! Il faut d’abord chauffer l’eau sur le poêle, attendre que la bouilloire siffle, prendre la bassine et tout installer dans l’évier de la cuisine. Ensuite on se dé-bar-bouille. J’aime pas. Moi je le fais très vite, je me savonne partout et je me rince. Mon père, il croit que je ne me suis pas lavé. Alors maintenant je fais pareil, mais moins vite. »


« L’autre jour la maîtresse m’a appris une chose : les poussins naissent dans les œufs que la poule couve plusieurs jours. C’est la maman. A la maison, j’ai pris un œuf dans le frigo, j’ai fabriqué un nid bien chaud avec une pelote de laine et je l’ai bien caché sur l’armoire, dans la chambre de mes parents. »


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Philippe Saumont a fondé le Théâtre des TaRaBaTeS il y a presque vingt ans. Ce marionnettiste, toujours en recherche de nouvelles formes d’expression, crée des spectacles jeune public, dont certains ont reçu des prix internationaux (Russie, Australie, Kazakhstan...). Son prochain spectacle, Je t’aime papa, mais merci d’être mort !, est à découvrir les 10 et 11 octobre 2017 à la Ville-Robert à Pordic puis les 27 et 29 janvier 2018 au Quai des Rêves à Lamballe. Le texte dont il est inspiré a reçu le Prix Régional de la Création Artistique décerné par la région Bretagne en 2003.
Philippe Saumont est également fondateur et directeur artistique de Marionnet’Ic, festival international de marionnettes à Binic, dont la prochaine édition aura lieu du 15 au 22 avril prochain.

www.tarabates.com
www.marionnetic.com
 


 

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