Restituer Vénus - Musée & Collectif « dé-postures »

Restituer Vénus ©Musée d'art et d'histoire - Ville de Saint-Brieuc

Le Musée propose un nouvel espace d’exposition temporaire autour de la place des femmes dans
l’histoire, dans l’art et dans les collections du musée. Il est issu d’un projet de participation
citoyenne, pensé et conçu par le musée et le collectif « dé-postures ». Une démarche originale pour
nourrir notre réflexion.

Exposition-projet Restituer Vénus
En 2019, un groupe de personnes a été invité à porter un regard critique sur le parcours permanent
et les collections, tout en proposant de penser ensemble un espace muséographique « postures de
femmes ».
Cinq personnes se sont inscrites durablement dans ce projet. Elles ont fonctionné sur le mode d’un
groupe de parole, puis se sont constituées en un collectif autonome nommé « dé-postures ».
Cette exposition-projet retrace ce cheminement au long cours, fertile et complexe.
Fertile pour le musée, car la lecture des institutions patrimoniales comme lieux de pouvoir et de
domination culturelle entre profondément en écho avec les violences du patriarcat :
surreprésentation des auteurs masculins dans les collections muséales, assignation des femmes
artistes à des genres picturaux comme la nature morte ou la copie, invisibilisation dans l’histoire
jusqu’aux effets sur les corps et les esprits… Ouvrir le passé depuis le présent contribue
modestement à chercher davantage d’égalité historique.
Complexe car le musée est une institution dont l’héritage peut sembler écrasant et excluant. Avec ce
groupe, fruit des « dispositifs de participation », réfléchissant aux enjeux de pouvoir, force est de
constater que le déséquilibre entre une structure muséale et des citoyennes et citoyens reste à
l’oeuvre. Il véhicule des inégalités répétées concernant la place des personnes dominées dans la
société.

Le parcours de l’exposition-projet
Le parcours de cette exposition-projet s’incarne dans un dialogue muséographique entre l’institution
et le collectif « dé-postures ».
La première partie, réalisée par l’équipe du musée, insiste sur les œuvres d’artistes femmes dans les
collections du musée de Saint-Brieuc. Elle propose une lecture très contemporaine de ses
collections en tissant des liens entre les inégalités de genre, incontestables, à l’oeuvre dans la
constitution des collections publiques françaises et la manière dont se construisent la culture,
l’histoire et le patrimoine dans les institutions, à Saint-Brieuc comme ailleurs.
Une manière originale de re-découvrir des œuvres rarement exposées de la collection du musée
briochin et pourtant à l’esthétique indiscutable !
La seconde partie laisse la parole au collectif « dé-postures » qui s’approprie poétiquement les
outils du musée pour construire un parcours inventif, riche et réflexif. En s’affranchissant des
pratiques institutionnelles, le collectif parvient à donner corps à un ensemble de réflexions partagées
dans le groupe de paroles. Textes et images, patiemment échangés et discutés, se répondent à
travers le temps et l’espace. La fantasmagorie y côtoie les sciences sociales. Les collages entre
collections muséales, productions personnelles et références artistiques donnent un fil rouge à
suivre… Pour autant, et comme il s’agit d’une pensée mouvante et en perpétuelle évolution,
l’espace se présente comme un « chantier en cours » que le collectif se laisse la liberté de
transformer au fil du temps.
Dans ses pas, il nous invite à penser un musée en transformation permanente.