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Carte blanche à Jean-Claude Kaufmann

23 février 2015

Sociologue du quotidien

Carte blanche à Jean-Claude Kaufmann


Jean-Claude Kaufmann est sociologue, Directeur de recherche au CNRS, spécialiste du couple et de la vie quotidienne. Vivant depuis 30 ans à Saint-Brieuc, il est connu pour sa démarche scientifique originale, et pour sa qualité d’écriture, qui lui permet de toucher un large public. Ses livres sont traduits en vingt langues.
Il a pris l’habitude de scruter notre intimité dans ses moindres détails, révélant nos petit secrets les mieux enfouis.
Il vous parle ici de son dernier ouvrage,Un lit pour deux, la tendre guerre, aux éditions Lattès, où il n’hésite pas à plonger dans le lit conjugal !


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Ah quel bonheur, le soir, après une grosse journée de travail, de se glisser sous la couette ! Le calme enfin, la volupté, la douce chaleur qui envahit le corps détendu, un bien-être diffus, de beaux rêves qui caracolent, mêlant hier et demain dans des scénarios merveilleux. Hélas dans ce même lit, il y a l’autre, le partenaire conjugal, chaque soir à la même place (depuis quelques semaines ou de très nombreuses années). Cet autre, on l’aime, on l’adore certes, on serait prêt à sacrifier ce que l’on a de plus cher pour lui. Mais il faut le dire franchement, au moment de se glisser sous la couette, surgit comme un problème. Car l’être aimé peut soudain se transformer en ennemi redoutable quand il ronfle, qu’il a les pieds froids, qu’il se couche trop tard, qu’il a chaud alors que l’on grelotte, qu’il provoque des courants d’air quand il se tourne (et il n’arrête pas de le faire !), qu’il laisse ses vêtements en tas informe, etc. La liste des petites récriminations agaçantes serait interminable. Ecoutez par exemple ce que me dit Zoé, très agacée par son mari quand il vient se coucher auprès d’elle :
« - Quand il rentre dans le lit, il soulève la couette, ce qui me fait des courants d’air.
- Quand il vient se coucher après moi, il enlève son pantalon dans la chambre et le fait tomber par terre. La boucle de sa ceinture fait un gros "clong !" sur le parquet... insupportable !
- Quand il vient se coucher après moi, il arrive toujours à ce que j’aie la lumière du couloir dans les yeux. »
Pourtant, on n’ose guère dire à l’être aimé qu’il ronfle comme un moteur ou qu’il prend trop de place, on sent bien que ce serait une déclaration de guerre. On est donc condamné à de minuscules tactiques sournoises et à des guérillas discrètes pour aménager sans rien dire son petit espace de confort personnel. Pour Fifine, quand son mari ronfle, « une petite pincette suffit ». Mais ce n’est pas le cas de Paule, hélas, qui doit affronter une sorte de tigre rugissant. « Alors je siffle, je parle, je secoue l’animal, mais bon… rien n’y fait ». Quand le désagrément devient intolérable et que le sommeil se perd, certains commencent à tester, pour quelques heures, le canapé du salon, ou à rêver d’une chambre séparée. Reste cependant à convaincre le partenaire, qui ne comprend pas cette demande (surtout s’il a le sommeil lourd !) et se sent alors rejeté.

Le lit ordinaire, celui de la détente et du sommeil, pose une des plus grandes questions de notre époque. Nous sommes en effet déchirés entre deux attentes contradictoires. Le grand rêve de l’Amour partagé, du dépassement de soi, de l’intimité caressante. Et l’aspiration au bien-être personnel, déclinaison concrète et sensorielle du bonheur, devenu l’horizon ultime de nos existences. Or dans le lit, tout désir de distance devient beaucoup plus difficile à exprimer. Car depuis le Moyen Age, surtout dans l’Europe catholique, il a été instauré comme le grand symbole de l’union conjugale. C’est bien pourquoi le lit m’intéresse tout particulièrement. Je voulais savoir dans le détail de quelle manière chacun se débrouille pour conjuguer amour et aspiration au bien-être personnel. Pas toujours très bien en fait, mon livre porte en sous-titre La tendre guerre !



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Retrouvez son actualité et ses billets d’humeur sur www.jckaufmann.fr
Et ne manquez la conférence qu’il donne mardi 28 avril prochain à la MJC à Quintin !

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