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Carte blanche à Yann-Fañch Kemener

31 octobre 2014

Mémoire ou Histoire ?

Carte blanche à Yann-Fañch Kemener


À l’heure ou l’on commémore sous diverses et multiples formes l’une des plus grandes tragédies humaine de l’histoire, celle qui engagea l’Europe dans un conflit qui dura quatre années, quatre longues années de peines et de souffrances pour les peuples sollicités. Je veux parler de la guerre 1914 – 1918.
Ces commémorations sont également l’occasion de sortir bien "des cadavres" du placard et de révéler ainsi une part d’ombre de cette histoire de guerre.
Pour ma part, je suis allé à la recherche d’un grand oncle, Julien Joa. Frère de mon grand-père, qui après une permission et ne voulant plus retourner au front, sera mis de force par les siens dans un train. Depuis lors, plus de nouvelles.
Jusqu’à ce jour de janvier 2014 ou sa fiche matricule devint enfin accessible.
Parcours classique d’un soldat breton de 2è classe : La somme, Verdun, La Marne… et le 23 avril 1917, le Conseil de guerre. Condamnation et peine à exécuter à l’AT (bagne colonial) N°4 de Bougie en Algérie, dont Albert Londres écrira plus tard "Dante n’avait pas vu çà" et d’où il ne reviendra jamais.
Comble du cynisme, il n’est toujours pas inscrit comme décédé à l’état civil de Ste Tréphine, son lieu de naissance. Son nom ne figure pas non plus sur le monument aux morts de la commune. La fiche de son décès en date du 22 juillet 1918, envoyée depuis l’AT de Bougie, quant à elle, figure bien dans un fichier des Non Morts pour la France.
D’emblée s’est posée alors pour moi, la question de la réhabilitation de ces vies d’ombres, celle de mon grand-oncle et de combien d’autres oubliées de l’histoire, morts loin des leurs, laissant ceux-ci dans l’incapacité d’un deuil.
Traduire le poids de cette souffrance et la transformer par la force et la magie d’un spectacle. Nous irons pleurer sur vos ombres – Gouelit ma daoulagad. Voyage, écriture entre narration, chants et image, tel a été mon choix.


J’ai choisi d’attirer votre regard sur une photo. Elle me vient du fonds Marie Louise Troadec. Elle fut prise par son père Yves Troadec sur les champs de batailles.




Yves Troadec est né à Lanvellec, dans les Côtes d’Armor, le 10 novembre 1895. Marchand de vin, comme son père, Soldat du 23 R.I., il fait toute la guerre 14-18 avec son "vest pocket", (petit appareil photo à soufflets). À ses photos, qu’il développe lui-même, il ajoute des légendes très explicites et réalise ainsi un album à l’intention de sa famille. Cet esprit curieux et humaniste décède en 1987 à l’âge de 92 ans et laisse à notre regard un témoignage exceptionnel sur la guerre 1914-1918.
Pour ce cliché, ni date, ni lieu ne sont mentionnés. Très probablement Verdun où La Marne, comme la majorité de ses autres photos !
Un homme – Un poilu est étendu dans une fosse.
À première vue on croirait un gisant dans son tombeau. Le photographe a pris soin de prendre un plan suffisamment large pour nous montrer cette tombe.
À regarder de plus près on y voit un homme qui dort à découvert au fond d’une fosse. Il dort d’un sommeil profond, très certainement "mort" de fatigue. Il est encore vêtu. Dans une position quasi fœtale. Le brassard qu’il porte nous indique qu’il s’agit d’un infirmier. Sous lui un peu de paille. La manière dont sont disposés ses effets (casque, gourde, sacoche…) montre qu’il a quand même pris le temps de s’y installer.


Une prise de vue de dessus, tel le regard d’une mère posé sur le berceau, accentue cette sensation d’enfant dans son sommeil.
Regard volontaire du photographe ou pur hasard d’un instant volé entre deux éternités de sommeils – Celle d’un berceau et celle d’un tombeau ?

 


Yann-Fañch Kemener est chanteur, collecteur, passeur de mémoires. Depuis plus de 40 ans, il collecte chants et contes auprès des anciens, véritables passeurs d’une culture alors menacée de disparition et d’oubli. Initié aux techniques vocales des chanteurs de fest-noz, il parcourt villes et campagnes de Bretagne, à la faveur de la renaissance des musiques "trads" et folk. Il réalise une vingtaine de titres avec Anne Auffret, Marcel Guilloux, Barzaz, Didier Squiban, L’Héritage des celtes... En 2000, il engage une collaboration avec Aldo Ripoche, violoncelliste classique de l’Ensemble Stradivaria. Il obtient de nombreuses distinctions (Grand prix du disque de l’Académie Charles Cros, ffff Télérama…).
www.kemener.com
 


Spectacles : Dates à venir
> Nous irons pleurer sur vos ombres
le 3 novembre à Quimper (Théâtre de Cornouaille), les 6 et 7 novembre à Pontivy (Palais des Congrès), le 11 novembre à Lamballe (Quai des Rêves), le 14 novembre à Plérin (Le Cap), le 24 mars à Vannes (Théâtre Anne de Bretagne), les 2, 3 et 4 juin à Rennes (Théâtre National de Bretagne).
> Les Roses du mois Noir : le 21 novembre à Montfort sur Meu
 


À paraître
> Double CD Kan ar Basion – Chants de la Passion et Live à Ste-Tréphine avec Aldo Ripoche et Damien Cotty
(éd. Buda musique)
> Collectes de contes de Yann-Fañch Kemener (éd. Yoran Embanner).


Photo Yves Troadec © Marie Louise Troadec

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